- période
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• 1422; peryode 1369; lat. periodus, du gr. periodos « circuit »I ♦ N. f.1 ♦ Espace de temps plus ou moins long. ⇒ durée. Une période d'un an. « Une longue période de sécheresse et de chaleur » (Maurois). Être dans une bonne, une mauvaise période (cf. Être dans une bonne, une mauvaise passe). Une période de crise. En période de récession économique. La période des fêtes, des vacances. En période scolaire. — Spécialt Division du temps marquée par des événements importants. ⇒ époque, ère. La période mérovingienne, révolutionnaire, de l'entre-deux-guerres. La période classique, romantique. La plus belle période de l'art égyptien. — Arts Caractérisation de la manière d'un peintre à un certain moment. La période bleue de Picasso. La période bretonne de Gauguin.2 ♦ Didact. Espace de temps, généralement de durée bien déterminée, caractérisé par un certain phénomène. ⇒ fenêtre, phase, stade; périodisation. — Physiol. La période de l'ovulation. Période menstruelle : menstrues. Période d'incubation d'une maladie. — Géol. Division d'une ère, correspondant à un système (de terrains). Période houillère de l'ère primaire.3 ♦ Dr. Durée pendant laquelle on peut ou on doit accomplir des actes juridiques. Période suspecte, qui précède le jugement déclaratif de faillite, et pendant laquelle les actes du failli sont nuls ou annulables. — Période électorale, qui précède le jour du scrutin.♢ Milit. Période d'instruction ou période, pendant laquelle les réservistes sont remis à la disposition de l'autorité militaire pour compléter leur instruction militaire. Faire une période.4 ♦ Nucl. Période d'un élément radioactif : intervalle de temps au bout duquel la moitié des atomes de l'élément s'est désintégrée (⇒ demi-vie) .5 ♦ Phys. Grandeur inverse de la fréquence, temps écoulé entre deux passages successifs d'un système oscillant dans la même position et dans le même sens. Période d'un pendule. Période d'une onde : intervalle entre deux maximums successifs en un point donné. Période d'un courant alternatif. Un courant de cinquante périodes par seconde. Une période de vingt millisecondes.6 ♦ Astron. Temps de révolution d'une planète, d'un satellite. ⇒ 1. cycle. La période de Mars est de 687 jours. Période de Neptune autour du Soleil.7 ♦ Math. Quantité fixe la plus petite possible qui peut s'ajouter à la variable sans changer la valeur de la fonction.♢ Période d'une fraction.II ♦ N. f. (1596) Phrase dont l'assemblage des éléments, si variés qu'ils soient, est harmonieux. Période oratoire. Une période de Cicéron. — Mus. Période musicale ou période. « La période est une portion de mélodie formant un tout » (A. Cœuroy). III ♦ N. m. (1478) Vx Au plus haut, au dernier période : au plus haut degré. ⇒ maximum, paroxysme. « Ce jeune garçon qui était vigoureux et sain lors de son arrestation, est aujourd'hui au dernier période de la phtisie » (France).périoden. f.rI./rd1./d Espace de temps. Il s'est absenté pour une période indéterminée. La période correspond à l'année civile pour l'impôt sur le revenu. La période révolutionnaire.— Phase dans le cours d'une évolution. Période d'invasion, d'état, de déclin d'une maladie.|| Spécial. MILIT Temps pendant lequel un réserviste est convoqué, en temps de paix, pour recevoir un complément d'instruction.|| GEOL Chacune des grandes divisions des ères géologiques.d2./d Espace de temps déterminé par le retour, à époques fixes, d'un phénomène donné.|| ASTRO Durée mise par un astre pour parcourir son orbite.|| PHYS Intervalle de temps qui s'écoule entre deux passages successifs par le même état d'un système vibratoire. La période est égale à l'inverse de la fréquence.|| PHYS NUCL Temps nécessaire pour que l'activité d'un corps radioactif diminue de moitié par désintégration.rII./r Ensemble d'éléments, de phénomènes formant un tout, susceptible de se reproduire.d1./d MATH Suite de chiffres qui se reproduit dans un nombre fractionnaire. (Ex.: 2, 7 et 0 dans le nombre 100 37 = 2,702 702...)|| Nombre qui ne change pas la valeur d'une fonction périodique lorsqu'on l'ajoute à la variable.d2./d CHIM Ensemble des éléments qui se trouvent sur une même ligne du tableau de la classification périodique des éléments.rIII/r RHET Phrase composée de plusieurs propositions se succédant harmonieusement et dont la réunion forme un sens complet.⇒PÉRIODE, subst.I.— Subst. fém.A.— 1. Espace de temps, durée. Une période de tant d'années; brève période. Notre exacte décomposition de chaque mois en quatre périodes hebdomadaires (COMTE, Catéch. posit., 1852, p. 229). Période dépassant à peine un siècle (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 71).2. Espace de temps plus ou moins long, phase marquée par un fait, un événement, une situation, des caractères précis et se reproduisant dans certains cas.a)
) [Du point de vue de la vie de la terre, de la nature] Période géologique, glaciaire, hivernale; période d'étiage, de sécheresse. La tempête cédait la place à une période calme de pluies et de vents tièdes (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 44).
) Spécialement
— GÉOLOGIE♦ Division d'une ère qui recouvre différentes époques. Période crétacée, jurassique. Dernière époque de la grande période carbonifère (Ad. BRONGNIART, Graines foss., 1876, p. 7).♦ [Dans la lang. usuelle] Synon. de ère. Un squelette du milieu de la période quaternaire (G. LEROUX, Parfum, 1908, p. 63).— PHYS. NUCL. Période (radioactive, d'un radioélément). Temps nécessaire à un corps radioactif pour perdre la moitié de son activité par désintégration. En pratique, on est limité à l'utilisation de radioéléments dont la période radioactive n'est pas trop courte (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 228).b)) [Du point de vue de l'hist., de la littér., des arts, de la vie organisée des hommes] À quelle époque du monde a pu commencer cette période celtique et de combien de siècles est-elle séparée de l'ère antédiluvienne? (BOUCHER DE PERTHES, Antiq. celt., t. 2, 1857, p. 355). Une commission (...) aura tendance, surtout dans des périodes critiques, à donner la priorité aux projets du gouvernement (LIDDERDALE, Parlement fr., 1954, p. 196).
SYNT. Période actuelle, ancienne, antérieure, contemporaine, intermédiaire, moderne, nouvelle, récente; première, dernière période; période historique, néolithique; période classique, révolutionnaire; période agitée, difficile, héroïque; période féconde, florissante; belle période; période scolaire; période de chômage, de crise, d'inflation, de pénurie; période de développement, de prospérité, de transition; période de guerre, de paix; période de travail, de vacances; les périodes de l'histoire; à, avant, pendant, après, pour une période donnée; au cours, au début, à la fin d'une période déterminée; en période de pointe.) Spécialement
— DÉFENSE. Période (militaire, d'instruction, de réserve). Durée limitée pendant laquelle les réservistes sont appelés à recevoir un complément d'instruction. Celui-ci allait bientôt faire une période militaire, au camp de Châlons (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 280). Je pourrais parfaitement être officier de réserve, mais j'ai refusé de faire les périodes à cause de mes convictions (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 498).— DROIT♦ COMM. Période suspecte. ,,Période précédant le jugement déclaratif de faillite pendant lequel les actes du failli sont nuls ou annulables`` (CAP. 1936). En fixant la date de la cessation des paiements, le juge détermine la période suspecte qui, en toute hypothèse, ne saurait excéder 18 mois (Jur. 1981).♦ Période (de propriété). Durée déterminée de propriété (dans le cadre de la multipropriété). En achetant une période au Clubhotel Canaries, vous êtes certain de pouvoir compter chaque année sur des vacances de grand luxe (Le Point, 31 oct. 1977, p. 122, col. 2).♦ DU TRAV. Période de référence. ,,Période d'activité professionnelle salariée ou assimilée, en considération de laquelle est évalué le droit à prestations`` (SOURNIA 1973). Il est envisagé d'augmenter le nombre d'heures de travail au cours de la période de référence (Réforme Séc. soc., 1968, p. 18).— ÉCON. Espace de temps théorique plus ou moins long au cours duquel se produisent, sont observés divers phénomènes de la vie économique. L'accumulation continue à se faire en longue période et accroît les possibilités du capital (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 166) :• 1. ... l'équilibre mondial (...) serait mieux assuré s'il était possible de limiter directement les fluctuations des prix de ces produits. Cette affirmation n'est pas contestable, et n'est pas contestée, tant qu'elle ne s'applique qu'à la courte période.Univers écon. et soc., 1960, p. 40-1.— POL. Période électorale. Durée comprise entre la convocation des électeurs et le scrutin, au cours de laquelle les candidats jouissent de divers privilèges pour faire leur campagne. Le bon Lapierre doit être maintenant dans tout le feu de la période électorale (FLAUB., Corresp., 1877, p. 35). Pendant toute la durée de la période électorale, les affiches sont dispensées du timbre (BACQUIAS, Conseil gén. et conseil arrondiss., 1934, p. 5).— SPORTS (jeux de balle, de ballon). Division d'une partie, d'un match. La durée d'un match [de water-polo] est de quatre périodes de cinq minutes de jeu effectif chacune (Jeux et sports, 1967, p. 1573).c) [Du point de vue de la vie particulière d'un individu] Vous passez par-dessus la période la plus intéressante de la vie de votre héros (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 778). Il avait renié sa période mondaine, au point de vendre avec emphase son frac (MONTHERL., Pitié femmes, 1936, p. 1207).SYNT. Période d'abattement, d'activité, d'adaptation, d'attente, de calme, d'engouement, de repos, de tâtonnement, de tristesse; être, entrer dans une période déterminée.— En partic. Phase d'une certaine durée de la vie d'un artiste, d'un écrivain, d'un intellectuel marquée par une manière particulière, un courant déterminé. La seconde période de la pensée de l'auteur (HUGO, Rayons et ombres, 1840, p. 1021). Aux murs, des Picasso de la période rose (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p. 257).d) [Du point de vue de la vie du corps et du psychisme]— PATHOL. Phase d'une maladie. Période aiguë; période d'incubation, d'invasion, de déclin; période de dépression; période d'accalmie, de convalescence, de rémission. La maladie évolue implacablement vers l'aggravation. On assiste alors à la période d'état de la maladie (QUILLET Méd. 1965, p. 363) :• 2. Son pouls était petit et irrégulier, sa peau sèche, sa soif intense. À cette période succéda bientôt une période de chaleur; le visage s'anima, la peau rougit, le pouls s'accéléra; puis une sueur abondante se manifesta, à la suite de laquelle la fièvre parut diminuer.VERNE, Île myst., 1874, p. 507.— PHYSIOL. Phase du fonctionnement du corps, d'une de ses parties. Dans la période ascendante qui précède les règles (MICHELET, Journal, 1858, p. 428). En dehors des périodes digestives le cholédoque est fermé à sa terminaison par un muscle annulaire (QUILLET Méd. 1965, p. 130).♦ Périodes (menstruelles, de la femme). Règles. [Le fenouil] posé sur la poitrine d'une femme, clarifie ses eaux et stimule l'indolence de ses périodes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 53).♦ Période réfractaire.— PSYCHANAL. Période de latence.e) [Du point de vue du fonctionnement d'une machine] La première course du piston, de A à B, puis de B à C, constitue la période dite d'aspiration : la soupape d'aspiration est ouverte (AMBROISE, Monteur mécan., 1949, p. 108).3. Espace de temps séparant les moments où se reproduit régulièrement un phénomène.a) ASTRONOMIE— Temps que met un corps céleste pour accomplir sa révolution ou revenir à un même point défini de son orbite. Toutes les planètes, y compris la Terre, se meuvent dans des périodes différentes autour du Soleil (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 417).— Division du temps calculée sur cette base. La base commune de tous ces calculs me paraît être la célèbre période astronomique de 600 ans (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 618). V. julien ex. de Chateaubriand.b) PATHOL. Dans une fièvre réglée, temps que durent un accès et une rémission avant un nouvel accès (d'apr. LITTRÉ-ROBIN 1855).c) PHYS. ,,Intervalle de temps séparant deux passages d'un système oscillant — ou d'un phénomène vibratoire — par le même état`` (DEW. Mes. 1973). Mouvements vibratoires dont les périodes ne concordent pas et sont d'inégales durées (COURNOT, Fond. connaiss., 1851, p. 78). Utilisation de galvanomètres de période très différente de celle du pendule (ROTHÉ, Géophys., 1943, p. 334).d) P. anal.— CHIM. Dans le tableau périodique, ensemble des éléments situés entre deux gaz rares consécutifs. Les éléments chimiques sont rangés, dans la classification, en sept périodes (CHARLES 1960).— MATHÉMATIQUES♦ Dans une fonction périodique, quantité fixe (ou multiple de celle-ci) qu'on ajoute à la variable pour qu'elle reprenne la même valeur. La période est l'inverse de la fréquence (Astron. 1973). Les périodes de f sont les multiples de t0; l'élément t0 s'appelle plus petite période de f (CHAMB. 1981).♦ Dans une fraction périodique, série de chiffres qui se répète indéfiniment dans le même ordre. (Dict. XIXe et XXe s.).1. STYL. ,,Phrase complexe caractérisée par l'agencement harmonieux de ses propositions (...) et le développement logique de la pensée`` (MOUNIN 1974). Période harmonieuse, nombreuse, oratoire; cadence, membres d'une période. Ici je ferme une période un peu longue pour ouvrir une parenthèse utile (NERVAL, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 110) :• 3. Vous ne connaissez pas la véritable éloquence. On tourne une grande période autour d'un beau petit mot, pas trop court ni trop long, et rond comme une toupie : on rejette son bras gauche en arrière de manière à faire faire à son manteau des plis pleins d'une dignité tempérée par la grâce : on lâche sa période qui se déroule comme une corde ronflante, et la petite toupie s'échappe avec un murmure délicieux.MUSSET, Lorenzaccio, 1834, II, 4, p. 147.♦ Période arrondie. Période carrée (v. carré1). Période ronde (v. rond1). Chute d'une période. Arrondir une période.2. MUS. Période (musicale). Ensemble des éléments concourant à la construction d'une mélodie, particulièrement en fonction de la carrure à l'époque classique. La fin de la période se termine par un arrêt du mouvement (D'INDY, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 37). Toute mélodie est soumise au partage en périodes régulières de 4, 8, 12 mesures, ou les multiples de ces nombres (BRENET Mus. 1926, p. 246).II.— Subst. masc., vieilli, littér. Phase, degré (de quelque chose, de l'évolution de quelque chose); moment (de la vie de quelqu'un). Les cercles de la vie s'étendent avec ceux des jours, et la lune en forme différents périodes (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 376). La nation (...) en était arrivée à ce période des crises politiques où l'on croit trouver du repos par le pouvoir d'un seul (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 1, 1817, p. 513). Depuis ce période obscur de la première enfance (COURNOT, Fond. connaiss., 1851p. 122).— [Gén. déterminé par un adj., un superl. ou un compl. de nom exprimant l'intensité] Degré maximum (de quelque chose). La peste était à son plus haut période d'intensité dans Jérusalem (LAMART., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 420). Tout porte (...) à croire qu'après avoir atteint son période de hauteur, la civilisation entrera dans une voie de décroissance (RENAN, Dialog. philos., 1876, p. 63). Le mot est arrivé au dernier période de l'abstraction (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 309).Prononc. et Orth. :[]. Ac. 1694, 1718 : periode; dep. 1740 : pé-. Étymol. et Hist. I. A. 1. Genre indéterm. a) XIVe s. [date du ms.] peryode « durée, temps que dure une chose » (MAHIEU LE VILAIN, Méthéores, éd. R. Edgren, p. 68, 31; au masc. p. 93, 34); 1422 periode « id. » (A. CHARTIER, Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 2); b) XVe s. [date du ms.] periode de fievre (B. DE GORDON, Pratique, B.N. fr. 1288, f° 139 r° ds DG); 2. fém. a) astron.
) 1671 période julienne (v. julien); 1671 [éd.] « temps que met une planète à effectuer sa révolution de manière à revenir à la même position » (J. ROHAULT, Traité de phys., t. 2, p. 73);
) 1872 arithm. (LITTRÉ Add. : ensemble des chiffres qui se reproduisent dans le même ordre en une fonction périodique simple ou composée);
) 1851 phys. (COURNOT, op. cit., p. 78); b)
) 1797 pathol. (Voy. La Pérouse, t. 4, p. 16 : dans cette période de la lèpre la peau a déjà perdu sa sensibilité; déjà en 1764 au masc. : le période d'une maladie, LAVOISIEN, Dict. portatif de méd., t. 2, p. 49 et comme subst. fém. en 1793 d'apr. FEW t. 8, p. 244b);
) 1842 géol. (Ac. Compl. : periodes géologiques); c) 1871 dr. période électorale (Lettres parisiennes, 11 févr., 2, col. 2 ds DUB. Pol., p. 293); d) 1938 chim. période de transformation (d'un radio-élément) (BOUTARIC, Précis de phys., p. 1018). B. Masc. 1. 1478 « paroxysme (d'une maladie) » (Le Guidon en français [trad. par N. Panis de l'ouvrage lat. de Guy de Chauliac], f° 34 ds SIGURS, p. 362); 2. 1690 au plus haut periode (FUR.). II. Fém. 1. 1596 rhét. (HULSIUS d'apr. FEW t. 8, p. 244b); 2. 1787 mus. (Marmontel, Œuvres, p. 240 ds LITTRÉ). I empr. sav. au gr.
« laps de temps; durée (de vie), phase d'une maladie; cours, révolution des astres », propr. « chemin autour » d'où « action d'aller autour » (de
- « autour [de] » et
« route, chemin »), peut-être par l'intermédiaire du b. lat. periodus. II empr. au lat. de l'époque impériale periodus « id. », lui-même empr. au gr.
qui avait aussi ce sens. L'hésitation dans le genre du mot s'explique par le fait que le subst. gr. est fém. et le lat. periodus masc. Cf. FEW t. 8, p. 244a-245b. Fréq. abs. littér. :2 783. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 197, b) 2 095; XXe s. : a) 3 329, b) 6 836.
période [peʀjɔd] n. f. et m.ÉTYM. 1422; peryode, v. 1270; lat. periodus « période (oratoire) », grec periodos, proprt « chemin autour ». → -ode.❖———I N. f.1 Cour. Espace de temps (plus ou moins long). || Période ou période de temps (→ Indéfini, cit. 13). ⇒ Durée. || Pendant de longues périodes (→ Endormir, cit. 24). || Pour une longue période (→ Crise, cit. 14). || Pendant une période d'un an, d'une année.♦ Période de, des… : espace de temps plus ou moins long marqué par un fait ou déterminé par certains caractères. || La période des vacances. || Une longue période de sécheresse et de chaleur (cit. 3). || Période de chômage, de dépression (cit. 4) économique.1 Cette illusion de l'été est produite par l'enfance, qui est très sensible à la chaleur et au froid, et, surtout, par le souvenir qui construit l'image d'une longue période de froid ou de chaleur, tandis que, en réalité, quelques jours seulement eurent ce caractère.J. Chardonne, l'Amour du prochain, p. 189.♦ (Dans l'histoire de l'humanité, d'un peuple, d'un groupe). Division du temps marquée par des événements importants, caractérisée par un certain état de choses. ⇒ Époque. || Division de l'histoire en périodes par la chronologie. ⇒ Ère. || Période comprise entre deux dates. ⇒ Intervalle. || Une période cataloguée dans les manuels d'histoire sous le nom d'entre-deux-guerres. || La période hellénistique (→ Hellénisme, cit. 3), mérovingienne (cit.), révolutionnaire. || La période des grandes invasions. || Alternance des périodes glorieuses et sombres dans la vie d'un peuple. || Les périodes troublées (→ Migration, cit. 1). || Dresser (cit. 14), de période en période, l'inventaire de l'humanité. ⇒ Étape. — (En parlant de l'histoire des arts, des styles, des lettres, de la pensée). || La plus belle période de l'art égyptien (→ Dénoter, cit. 3). || Cet esprit (cit. 124) a dominé la littérature pendant la période dite classique.2 Ces barbares désolèrent le Nord, tandis que des Sarrasins infestaient le Midi; je ne donnerai pas ici la monotone histoire de leurs excursions. Il me suffit d'en distinguer les trois périodes principales : celle des incursions proprement dites, celle des stations, celle des établissements fixes.Michelet, Hist. de France, I, III.3 (Vico) proclame que l'histoire est une suite d'alternances entre une période de progrès et une période de régression; il en donne deux exemples; celui-ci (Saint-Simon) qu'elle est une succession d'oscillations entre une époque organique et une époque critique; il en donne deux exemples (…)Julien Benda, la Trahison des clercs, p. 257.♦ Époque de la vie (d'un individu). ⇒ Âge. || La dernière période de sa vie. ⇒ Acte. || Il traversa une longue période d'abattement et de tristesse. || Sa période de dissipation (cit. 7) n'a jamais été une période d'impiété.4 C'est une période bien redoutable qu'aborde, au sortir de son obscurité première, l'homme public. Il y rencontre l'illusion d'un acquiescement universel.Colette, l'Étoile Vesper, p. 68.♦ Arts. Caractérisation de la manière d'un peintre à un moment donné (choix des sujets, de la palette, etc.). || La période sombre de Goya. || La période bleue de Picasso. || La période bretonne de Gauguin.5 On parle des périodes de peintres : période blanche, période bleue, période italienne ou normande; on pourrait tout aussi bien parler des périodes morales que traversa la fermière.J. Dutourd, Au bon beurre, I, III.2 Didact. Espace de temps, généralement de durée bien déterminée, caractérisée par un certain phénomène ou par une certaine phase de ce phénomène. ⇒ Phase, stade.♦ (1793). Durée plus ou moins longue d'une manifestation physiologique. || La période de l'ovulation (→ Féconder, cit. 1; cycle, cit. 3). || Période menstruelle. ⇒ Menstrues. — La période fontanellaire (→ Fontanelle, cit.).♦ Phase d'une maladie. || Période d'incubation.b (1838). Géol. Division d'une ère géologique, elle-même subdivisée en époques (cit. 17). || Période houillère de l'ère primaire, période crétacée de l'ère secondaire. — Ensemble des terrains correspondant à une période. ⇒ Système.6 C'est James Hutton qui devait le premier établir la délimitation des grandes périodes géologiques sur des données stratigraphiques, aujourd'hui encore considérées comme fondamentales.Émile Haug, Traité de géologie, t. II, p. 542.7 Les divisions du second ordre (après les ères) sont les périodes, et l'ensemble des terrains qui correspond à l'une d'elles constitue un système.Émile Haug, Traité de géologie, t. II, p. 560.3 (XXe). Dr. Durée déterminée pendant laquelle on peut ou on doit accomplir certains actes juridiques, ou qui est caractérisée par un régime juridique particulier. — Période suspecte, qui précède le jugement déclaratif de faillite, et pendant laquelle les actes du failli sont nuls ou annulables. — Période électorale, qui précède le jour du scrutin et pendant laquelle les candidats jouissent d'un régime spécial concernant la liberté de réunion, la liberté de la presse, etc.♦ (1903). Milit. et cour. || Période d'instruction ou période : temps pendant lequel les officiers, sous-officiers et hommes de troupe de réserve sont remis à la disposition de l'autorité militaire pour compléter l'instruction militaire reçue pendant le service actif, pour participer à des grandes manœuvres, etc. || Accomplir, faire une période, une période de vingt-huit jours (→ Faire ses vingt-huit jours). || Faire une période militaire.8 Jean Rabe pénétra dans Toul un dimanche, convoqué par l'autorité militaire, afin de faire une période de vingt-huit jours, dans une vieille caserne aménagée à proximité des remparts.P. Mac Orlan, Quai des Brumes, XII.4 (1938). Sc. || Période de radio-activité d'un radio-élément, d'un radio-isotope : temps nécessaire pour que la masse d'un radio-élément diminue de moitié. — Période biologique : temps nécessaire pour qu'un individu élimine par voie naturelle la moitié de la quantité absorbée d'un radio-élément.5 Sc. Intervalle de temps séparant les moments auxquels se reproduit un phénomène caractérisé par une répétition plus ou moins régulière.♦ Méd. Temps qui s'écoule entre deux accès d'une fièvre intermittente.♦ Phys. Temps écoulé entre deux passages successifs d'un système oscillant dans la même position et dans le même sens (⇒ Cycle). || La période est la grandeur inverse de la fréquence. — Période d'un pendule : intervalle de temps qui sépare deux passages d'un pendule en un même point avec un mouvement de même sens. || Période d'une onde : intervalle entre deux maxima successifs en un point donné. || Période d'un courant alternatif. || L'intensité d'un courant alternatif reprend la même valeur, changée de signe, au bout d'une demi-période (⇒ Alternance). || Un courant de cinquante périodes par seconde.♦ (1671). Astron. Espace de temps qui s'écoule entre les deux moments auxquels se reproduit un phénomène astronomique. ⇒ Cycle. || Période julienne (7 980 ans), utilisée pour l'établissement des tables astronomiques. || Période undécennale (onze ans) des taches solaires. || Période du retour des éclipses. ⇒ Saros. — Spécialt. Temps que met une planète, un corps céleste à effectuer sa révolution, de manière à revenir à la même position. || Période de Neptune autour du Soleil. || Période lunaire. || Période de la révolution de la Lune autour de la Terre (⇒ Consécution).♦ Math. || Période ou période fondamentale (d'une fonction périodique) : quantité fixe la plus petite possible qui peut s'ajouter à la variable sans changer la valeur de la fonction. ⇒ Périodique (I., 2.) || Période d'une fraction périodique : la suite de chiffres qui se reproduit dans le développement de la fraction.———II N. f. (1596). « Phrase complexe dont les membres composants sont groupés de telle façon que, si variés qu'ils soient dans leur structure, leur assemblage donne une impression d'équilibre et d'unité » (Marouzeau). || Période historique ou narrative; période oratoire. || Les périodes d'un discours. || Une période de Cicéron, de Bossuet (→ Maintenant, cit. 2). || Membres rythmiques, cadence, chute, nombre d'une période. — Protase, acmé, apodose d'une période. || Arrondir (cit. 4) des périodes. || Période arrondie (cit. 11). || Période harmonieuse, musicale (cit. 4), nombreuse, ronflante. — La période poétique, qui comprend plusieurs vers, peut même parfois déborder le cadre de la strophe.9 La période constitue le mécanisme le plus savant de l'art d'écrire. C'est un attelage à conduire. Il ne faut perdre les guides d'aucun des chevaux qu'on dirige, toujours marcher vers le but, maintenir les incidentes rebelles, bien aligner ses régimes, garder la clarté et la logique, tout en prodiguant ses images à travers l'encombrement de la marche.Antoine Albalat, l'Art d'écrire, p. 140.10 La langue a passé par des siècles de tâtonnements avant de trouver la « période », c'est-à-dire cette forme harmonieuse de lignes, équilibrée et souple, qui groupe dans un ensemble logique une série d'idées, ayant chacune leurs éléments nécessaires.F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 32.♦ Mus. || Période musicale, ou, absolt, période :11 La période est une portion de mélodie formant un tout. À l'époque classique y règne la symétrie : toute construction mélodique cherche alors un équilibre toutes les deux, quatre ou huit mesures. La période de huit mesures est la plus usuelle; elle peut être subdivisée, par une demi-cadence, c'est-à-dire un repos transitoire sur la dominante, en deux parties de quatre mesures (…) Avant les classiques, chez les anciens contrepointistes et même chez Bach, on remarque des périodes irrégulières, composées d'un nombre impair de mesures; cette irrégularité est devenue générale à l'époque moderne. Une succession ordonnée de périodes forme une phrase.André Cœuroy, la Musique et ses formes, p. 26.———III N. m. (XVIe, Montaigne, le dernier période). Vx ou littér. État ou degré de l'évolution d'une chose, moment de la vie d'une personne, et, spécialt, le plus haut degré auquel une personne ou une chose puisse atteindre. ⇒ Maximum (→ Apogée, paroxysme, point culminant). — REM. Ne s'emploie guère que dans les expressions : le plus haut période, le dernier période. || Au plus haut période du bonheur (→ Assemblage, cit. 19). || La misère était arrivée à son dernier période (→ Gratification, cit. 5; et aussi harde, cit. 5).12 Ce jeune garçon, qui était vigoureux et sain lors de son arrestation, est aujourd'hui au dernier période de la phtisie.France, le Mannequin d'osier, Œ., t. XI, p. 349.13 (…) telle avait été la récompense de tout ce que je venais de faire pour ce malheureux; et portant l'infamie au dernier période, ce scélérat après avoir fait de moi tout ce qu'il avait voulu (…)Sade, Justine…, t. I, 63.❖COMP. et DÉR. Périodemètre, périodisation. — (Du même rad.) Périodique.
Encyclopédie Universelle. 2012.